Nous sommes contraints aux cours virtuels. Mais la contrainte engendre la créativité, qui ouvre de nouvelles portes. La preuve avec une activité toute simple.
Profitons que nos apprenants soient enfermés devant (et dans) un écran, et qu’ils aient des outils de création plastique et ludique à portée de souris pour leur proposer des tâches inédites.
Parce que sans lexique, la langue n’est rien, il semble intéressant d’accorder aux mots la place qu’ils méritent. Le numérique, qui concentre l’essentiel de nos échanges actuels, nous y aide. Avec le logiciel en ligne WordArt, par exemple, nous avons une possibilité amusante de proposer à nos apprenants un travail sur le lexique de plusieurs façons.
La réalisation de nuages de mots par des apprenants peut être déclinée en deux modalités : avant, et après. Ainsi, on peut demander à chacun de réaliser un WordArt de 10 mots minimum, à montrer à ses camarades pendant le cours en ligne (soit par partage d’écran, soit en déposant les fichiers sur un espace partagé).
Après un cours (pour des niveaux A1, A2)
Une telle activité permet une réactivation/consolidation du vocabulaire, synthèse du cours précédent. En tant que telle, elle permet une meilleure mémorisation, par reprise expansée.
Avant un cours (à partir de B1)
On
se place alors dans une logique de classe inversée, d’anticipation
du cours à venir. On demande aux apprenants de mettre en
forme leur remue-méninges personnel et leur recherche de mots, lesquels
serviront de prérequis à la compréhension du thème ou du texte
proposé dans le cours à venir. (Je l'ai testé avec un groupe d'adultes B2, ça marche !)
Dans
les deux cas,
l’expérience montre plusieurs avantages :
- Le
fait de réaliser une liste de vocabulaire avec un objectif réel est
bien plus motivant qu’une simple liste dont le seul objectif serait
d’apprendre la dite liste.
- Le biais créatif et la dimension plastique de la tâche ont ici une réelle valeur ajoutée.
- Pour choisir les mots que l’on veut écrire dans son calligramme des temps modernes, il faut les repérer, les manipuler, les ré-écrire. (produire une liste de mots destinée à être montrée pousse en général au perfectionnisme orthographique)
- Pendant la réalisation en autonomie, le choix des couleurs et des formes du WordArt final implique de tester des rendus, et pour cela de regarder longtemps le nuage en cours de confection, et donc, de bénéficier de l’effet de simple exposition, d’imprégnation inconsciente des mots.
- Une
telle activité serait moins facile à mettre en place en cours
présentiel. Elle impliquerait que les apprenants impriment leurs
productions etc. Le fait qu’ils soient réduits à un écran
facilite la manipulation d’objets numériques pour tous, comme si c'était une évidence.
Synchrone : du lexique à la compréhension écrite... à la production orale
En classe, on peut utiliser cette activité en début de cours, comme brise-glace, en demandant aux apprenants les plus volontaires de montrer leurs créations. Les autres, en lisant les mots, se remettent dans le bain, et, en reconnaissant le lexique, pratiquent la compréhension, et la mémorisation.
On peut demander au groupe de comparer et commenter les différents calligrammes, qui deviennent ainsi le déclencheur d’une communication authentique.
L’apprenant auteur du WordArt peut alors être amené à justifier certains choix, et à expliquer pourquoi il a mis tel ou tel mot dans son nuage, et pourquoi il a choisi telle forme plutôt qu’une autre.
L’activité de mise en commun est aussi une occasion de remédiation et de correction pour l’enseignant ou entre pairs, en toute bienveillance.
La réalisation du WordArt, une fois le logiciel maîtrisé, peut devenir un rituel de fin d’unité, ou même une activité collective pendant le cours. Chaque prof et chaque groupe peut s’approprier l’outil, en l’inscrivant dans la dynamique et le projet les plus adaptés à son groupe. On notera que le logiciel est très facile d'utilisation, et qu'après avoir pris connaissance des quelques fonctions de base, on peut produire un nuage de mots en moins de 5 minutes.
Ainsi,
en appliquant ce principe, nos
apprenants modèles à la fin de cet article, en auraient réinvesti les mots clés de cette
manière :
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exemple |
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