Intéressé par les apports des sciences cognitives dans
l’apprentissage, je partage ici quelques éléments qui m’ont
semblé pertinents pour les profs de FLE, ainsi que des propositions
d’activités de classe appliquant les enseignements des
sciences cognitives.
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L’oubli est biologique et naturel. Par là, enseigner une langue revient à lutter contre la nature. Il est normal que nos étudiants oublient !! Cette loi nous oblige à la bienveillance.
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La mémorisation à long terme exige des consolidations régulières, 3 ou 4 en moyenne, avec des écarts de plus en plus grands après un ancrage initial. Plus l’ancrage initial est fort et bon (concentration, efficacité), plus les reprises à rythme expansé sont faciles.
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Il existe différents modes de rappel (répétitions ou reprises). On peut donner des indices de rappel (comme le nombre de lettres du pendu, ou un moyen mnémotechnique) ou proposer un rappel par reconnaissance (comme dans un QCM, où l’on doit retrouver la bonne réponse).
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La création de liens entre le déjà su et les nouveaux éléments favorise la mémorisation.
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La mémorisation d’éléments liés entre eux est plus rentable : un groupement de deux mots mémorisés, occupe dans le cerveau « autant de place » qu’un seul mot.
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Le stock sémantique a une importance cruciale pour la compréhension : il faut savoir pour comprendre. La mémoire est la porte d’entrée de la compréhension.
Optimiser la mémorisation de ses apprenants
Dans les deux stratégies exposées, il convient d’expliciter aux apprenants les enjeux et les objectifs de la répétition, et de les rendre conscients de leur propre processus de mémorisation, de mettre l’accent sur leurs bonnes pratiques, et de déconstruire peut-être quelques fausses croyances sur leurs capacités de mémorisation.
A.
Le multi-testing
Cela consiste à refaire le même test, mais répété dans le temps. Non pas pour évaluer et noter, mais comme activité de mémorisation. Ainsi, on peut imaginer de confectionner un quiz, sur Kahoot, sur la leçon du jour, et de réaliser ce quiz plusieurs fois : une fois en fin de séance, une deuxième fois deux jours plus tard, et encore une semaine plus tard.
Le quiz, qui a la vertu de détendre les fins de classe, devient ainsi une activité ludique et rentable de consolidation mnésique, (dans ce cas, lexicale ET culturelle).
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Extrait Unité 3 Défi 2 |
Exemple de questions possibles pour un quiz de lexique sur la leçon de découverte de l’unité 3 de Défi 2. 1.Le tourment d’amour est… A. une sauce polynésienne. B. un dessert de la Guadeloupe. C. un plat traditionnel de la Réunion. 2. Le cari est toujours accompagné de riz ou de légumes secs. Vrai Faux |
B. Les cartes heuristiques
Elles sont un outil de mémorisation à long terme. Elles inscrivent les éléments dans un ensemble logique, car on sait que les liens favorisent une meilleure rétention. Le manuel Défi propose souvent en fin d’unité de compléter une carte mentale avec le lexique important de l’unité.
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Extrait Unité 3 Défi 2 |
Mais on peut aller plus loin, pour une meilleure mémorisation. La reprise à rythme expansé est une activité de mémorisation en soi. N’hésitons pas à exploiter la réalisation d’une carte comme une stratégie et non une étape conclusive.
Ainsi, une fois la première carte réalisée, demandez à vos apprenants, deux jours plus tard de la reproduire à partir d’une feuille blanche. L’apprenant lui-même se rendra compte des mots qu’il a eu des difficultés à retenir, et qui nécessitent une consolidation. Une nouvelle réalisation de la carte une semaine plus tard permettra de réactiver les connaissances. L’apprenant, voyant par ailleurs que sa carte est de moins en moins lacunaire, en tirera une satisfaction, et donc, une motivation.
Et vous ? Comment faites-vous pour mémoriser et faire mémoriser ?
Les images proviennent de l’unité modèle de Défi 2 disponible ici.
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